« Paris est une bibliothèque que traverse la Seine » (Italo Calvino).
Nous sommes à coup sûr dans Paris le long de la Seine, sur sa rive gauche, entre Austerlitz et Masséna. Et pourtant, l’histoire du site et un contexte géographique précis, en ont fait un lieu différent du Paris des cartes postales. Ici, le monde du travail a légué ses châteaux magnifiques, dans un tissu discontinu qui annonce la banlieue toute proche. Ici, l’on n’imagine pas le plaquage d’un tissu type centre-ville. Le site a ses atouts ; ils sont de taille. Rien à envier au centre-ville. Le train dont l’arrivée en ville fut fêtée y est cependant, aujourd’hui, perçu comme une nuisance. Mangeur d’espace, il crée des coupures, génère du bruit et empêche, dans le cas présent, le 13ème arrondissement de bénéficier d’une continuité vers la Seine. Nous ne défendons pas la tendance qui se manifeste à aseptiser la ville en faisant disparaître tout ce qui, d’un certain point de vue, peut constituer une gêne. La présence du train est positive dans la ville. Elle doit être pensée pour coexister. A la logique de négation qui prévaut dans l’aménagement du site (négation de la banlieue voisine, négation du train, du sol naturel, de la dalle même) nous ripostons : affirmation de la puissance du paysage industriel, mise en scène du train, valorisation du sol artificiel, jouissance du sol naturel. Le projet limite la couverture des voies ferrées à un tronçon traité à la manière d’un cours. Le train réapparaît à partir du boulevard Auriol. Avec lui, l’idée du voyage. La nef de la gare d’Austerlitz y gagne son autonomie. Le sol naturel est retrouvé ; les châteaux conservés. A partir du Cours de France, et à l’horizontale, des pontons, en surplomb du sol naturel, relient, alors, transversalement le site haut à la Seine, ouvrant les perspectives. Les constructions s’y adossent, autonomes, dans la logique des châteaux industriels. Les surfaces programmatiques sont respectées. La densité des implantations autorise la création d’un parc au droit des voies désaffectées. L’organisation perpendiculaire à la Seine ménage depuis le fleuve une lecture en profondeur du site. Les pontons, en surplomb par rapport aux emprises du port autonome, offrent pour la promenade des lieux privilégiés sur le fleuve.
Etude urbaine, bureaux, commerces, logements, services, aménagements extérieurs.
Architectes : Jean-Marc Ibos Myrto Vitart
Paysagiste : Louis Benech
Consultant : Paul Virilio
Images : Didier Ghislain