Mémoire des temps passés, les archives en sont aussi la comptabilité. Le bâtiment d’archives, à Rennes, est la matérialisation d’un organigramme où la fonction, sublimée, prend valeur de symbole. Il se compose de deux parties distinctes, l’une dédiée au circuit du document, donnée à lire à la verticale dans le paysage, l’autre réservée au public, calée dans le prolongement horizontal du parvis. Le programme porte sur un temps donné : vingt ans fermes et un stock d’années supplémentaires, devant faire l’objet d’une extension. Ce futur, le bâtiment l’exprime d’emblée comme une potentialité. Au départ, il y a la boite d’archives qui conditionne la tablette laquelle conditionne à son tour le rayonnage puis la cellule. On additionne les cellules à la verticale et sur toute la largeur du site, ménageant quelques absences en prévision de l’extension. Les vides ainsi créés dans le linéaire construit sont clos par des bardages translucides dont le caractère transitoire – qu’exacerbe la vibration de la lumière – se lit en décalage dans la massivité des stockages. La trame de la façade, elle-même, est une sous trame de la cellule invariablement répétée. Le système se retourne à l’horizontale pour générer une succession de pleins et de vides qui accueillent les différentes fonctions dédiées au public, disposées en séquences répétitives de part et d’autre des patios. Deux univers étanches se côtoient, dont le point de jonction est la salle de consultation. Le visiteur, cantonné dans l’enceinte sécurisée, en perçoit, par transparence, les prolongements. Il ressent le rythme de la vie des archives à la fréquence des chariots qui circulent à l’aplomb, sur les coursives. Il peut s’en abstraire aussi, se concentrer sur son ouvrage ou se perdre dans les reflets, sur les miroirs, des magnolias, à l’infini. La comptabilité du temps passé, fonction première du lieu, trouve ainsi son expression dans une formulation qui joue sur la répétitivité. Répétitivité inexorable signifiant la linéarité du processus d’archivage et que le projet décline systématiquement dans toutes ses composantes.
Espaces dédiés au public (accueil, auditorium 160 places, cafeteria, pôle Culture, pôle Education, expositions et salle de consultation) ; espaces dédiés aux archives : magasins (58 km de rayonnages + 20 km d’extension future) , ateliers de traitement des documents ; administration ; logement de fonction. ERP 2ème catégorie
Architectes mandataires : Jean-Marc Ibos Myrto Vitart
Chef de projet : Laurent Lagadec
Structure : Green & Hunt Associés
Fluides : Betom Ingénierie
Économie : Ace Consultants
Sécurité : Casso & Associés
OPC : Betom Ingénierie
Paysage : Louis Benech
Entreprises : GTM-MAB Construction (concrete works, façades, glass roof) ; Plassart (joinery); Ouest Métal service (steel structure, ironwork) ; Seitha (HVAC-coordination) ; Satel / Satie (electrical systems) ; Goni (paintwork) ; Tixit (shelving) ; Réponse (furniture manufacturer)
Photographies : Stéphane Chalmeau