C’est à l’horizontale que s’appréhende le paysage fluvial. Ici, tout se plie à la logique du cours d’eau ; la linéarité des quais, l’étirement du môle, l’alignement des arbres. Jusqu’aux entrepôts qui se profilent d’un bout à l’autre du site, parfaitement réglés dans leur continuité sur une parallèle aux quais et dont les silos, tels des proues, ponctuent verticalement les extrémités. La beauté du lieu tient en cette harmonie. Petit bout de territoire miraculeusement préservé dans sa cohérence initiale où l’exploitation industrielle qui exigeait une efficacité optimum dans la relation des bâtiments aux quais, au chemin de grue et à la voirie a déterminé la rigoureuse succession rythmique des volumes. Le projet de transformation de l’entrepôt Seegmuller en médiathèque, avec à l’appui un doublement des surfaces existantes, s’inscrit dans les grands principes de composition du lieu. Le silo est conservé, signe vertical dans le paysage. De la halle qui s’y adosse, le projet conserve aussi la magnifique structure en béton. L’extension en constituera le strict prolongement vertical et horizontal. Une bibliothèque, contrairement à un entrepôt appelle la lumière naturelle. La halle existante est alors dégagée de son parement en briques et une peau en verre, calée dans la continuité de celle de l’extension, réalise l’unité du lieu. La lumière souligne les chapiteaux pyramidaux. Destinés au stockage, les plateaux sont bas sous plafond. Pour donner une sensation d’espace, des vides, en rive, dilatent verticalement les volumes. Dans une logique industrielle qui reste pertinente du fait de l’exiguïté des hauteurs, les équipements techniques sont laissés apparents. Le tracé des fluides dans la linéarité générique. Un long ruban rouge, à même le bâtiment, relie les niveaux. La signalétique, appliquée à la manière de tags, guide le visiteur Les plateaux sont laissés libres. La lumière se propage par réflexion sur le sol. Les planchers découpent le paysage à l’horizontale, reliant l’un à l’autre les deux bras du canal.
Réhabilitation et extension d’une ancienne halle à grains, construite en 1932 par Gustave Umbdenstock , sur le môle Seegmuller, Port autonome de Strasbourg, reconversion en médiathèque, tête de réseau ; accueil du public, expositions temporaires, auditorium 124 places, cafétéria, salles de consultation (920 places, 350 000 ouvrages), ateliers de traitement des documents, archives (12 km de rayonnages) , administration.
Architectes mandataires : Jean-Marc Ibos Myrto Vitart
Chefs de projet : Claudia Trovati (batiment), Stéphane Bara (façades)
Equipe : Uta Bengel, Nils Christa, Gilles Delalex, Stéphane Pereira Ramos
Structure : VP & Green
Fluides : Inex
Acoustique : Peutz & Associés
Economie : ACE Consultants
Sécurité incendie/accessibilité : Casso & Associés
Signalétique : Intégral Ruedi Baur et Associés
Photographies : Georges Fessy, Philippe Ruault, Simon Burkart, Dominique Boudet.